Dossier

La Quête de la Préservation du Jeu Vidéo : Un Héritage à Sauvegarder

Vous vous souvenez quand on pouvait toucher, sentir et même goûter (allez, on sait que certains d’entre vous l’avez fait) nos jeux vidéo ? Aujourd’hui, avec la montée en puissance du tout-dématérialisé, cette nostalgie tangible est en danger de disparaître. Mais il ne s’agit pas seulement de la disparition du support physique, c’est tout un pan de notre histoire vidéoludique qui risque de s’effriter comme une sauvegarde corrompue. Dans cet article, on part en mission pour sauver le patrimoine du jeu vidéo, un jeu à la fois, et on vous explique l’importance de préserver tout ce patrimoine vidéoludique, le tout en se basant sur des constats de l’évolution du média tel qu’on le connait désormais.


Les Fantômes du Serveur

Imaginez cette situation : vous avez enfin trouvé le temps de replonger dans votre jeu préféré, celui qui nécessite une connexion Internet même pour le mode solo (oui, vous savez lequel). Et là, bam ! Les serveurs sont éteints, et votre jeu est désormais aussi utile qu’une cartouche de NES sans console. Ça pique, hein ? Cette réalité n’est pas qu’une histoire d’horreur pour les gamers modernes, c’est une menace tangible.

Un message que l’on risque de voir de plus en plus souvent.

L’Entertainment Software Association (ESA) n’a pas vraiment envie de jouer les conservateurs de musée, et sans leur soutien, les bibliothèques et autres institutions de préservation doivent se débrouiller seules. L’obligation de connexion Internet transforme un confort moderne en épée de Damoclès, suspendue au-dessus de nos têtes de joueurs.

En réponse aux accusations de manque de soutien, l’ESA a contre-attaqué en niant ces allégations, affirmant leur soutien au mouvement de préservation des jeux vidéo, tout en rappelant qu’ils peuvent le faire tant que cela ne viole pas les lois sur le droit d’auteur. Une manière élégante de faire référence au Digital Millennium Copyright Act (DMCA), qui interdit formellement toute copie non autorisée.

Cependant, il est crucial de noter que depuis 2018, une exception salvatrice existe grâce au Library of Congress, permettant aux musées, bibliothèques et autres institutions de préserver les jeux vidéo à des fins non commerciales. Cette exception permet l’archivage, offrant un répit face aux restrictions du DMCA. Néanmoins, malgré l’existence de cette exception, l’inaction de l’ESA et d’autres acteurs majeurs du milieu laisse les associations et institutions de préservation livrées à elles-mêmes, face à des démarches complexes et un défi titanesque.

En résumé, bien que de nombreuses lois dans les principaux pays concernés par le jeu vidéo autorisent et encadrent cet archivage, le manque de soutien proactif de l’ESA et d’autres géants de l’industrie rend cette mission d’autant plus difficile. La préservation de notre héritage vidéoludique repose sur les épaules de quelques passionnés dévoués, luttant pour que les trésors numériques d’aujourd’hui ne deviennent pas les fantômes oubliés de demain.

Internet : Un Allié Ambigu

Alors oui, Internet a apporté son lot de merveilles. Les mises à jour automatiques ont transformé le cauchemar des bugs en une simple formalité, et le multijoueur en ligne a fait exploser les frontières du gaming social. Fini le temps où il fallait attendre le prochain magazine pour trouver un correctif ou espérer que le studio envoie un patch par la poste. Grâce à Internet, tout est accessible en un clic, rendant l’expérience utilisateur plus fluide et agréable.

Mais cette dépendance à des infrastructures coûteuses et maintenues par des éditeurs aux priorités financières rend nos jeux vulnérables. Les serveurs qui hébergent nos mondes virtuels, nos scores et nos souvenirs ne sont pas éternels. Leur maintenance a un coût, et lorsque les bénéfices ne suivent plus, les éditeurs n’hésitent pas à tirer la prise.

Il fut un temps où pour pouvoir patcher son jeu, si l’on avait pas accès à Internet, il fallait attendre qu’il soit potentiellement disponible dans le CD-ROM de notre magazine JV préféré…

Un jour, ces serveurs s’éteindront, et avec eux, une partie de notre histoire vidéoludique disparaîtra dans les limbes du numérique. Les jeux nécessitant une connexion permanente pour fonctionner, même en solo, deviendront alors des coquilles vides, inutilisables. Et cela pèse sur chaque titre en ligne, menaçant de réduire à néant des années de plaisir et de progrès.

Ainsi, bien que l’Internet ait révolutionné notre manière de jouer et amélioré de nombreux aspects de notre expérience, il est crucial de réfléchir à des solutions pérennes pour préserver notre patrimoine vidéoludique face à cette obsolescence programmée. Parce qu’au final, un jeu perdu est un morceau d’histoire effacé.

Le Déclin du Physique : Une Évolution Inévitable ?

Pour beaucoup, la disparition du support physique est une fatalité inéluctable. Les avancées technologiques, la commodité du téléchargement instantané et la prolifération des services de streaming ont radicalement transformé notre manière de consommer les jeux vidéo. Pourtant, des géants comme Nintendo montrent que la résistance est encore possible.

Le physique n’est pas mort !

Selon le journaliste Oscar Lemaire, Nintendo génère, pour son exercice fiscal venant de se clôturer, encore 50% de son chiffre d’affaires avec des jeux physiques, ce qui représente même une – certes maigre – augmentation par rapport à l’année précédente. Cette statistique surprenante contraste fortement avec les approches de Sony et Xbox, qui sont de plus en plus tournées vers le dématérialisé. Pour ces deux titans, les ventes numériques, les abonnements et les contenus téléchargeables (DLC) représentent une part croissante de leurs revenus. Pourtant, le support physique est loin d’être enterré.

Les jeux physiques ont des avantages indéniables : ils offrent une certaine sécurité, une résistance à la perte de données, et surtout, un sentiment de possession tangible qui, une fois testé, et très souvent approuvé. Les boîtes de jeux, particulièrement avec leurs manuels et illustrations en ce qui concerne le retrogaming, font partie intégrante de la culture vidéoludique. Un héritage que les versions numériques peinent à remplacer. De plus, le marché de l’occasion continue de prospérer. Les magasins spécialisés telles que la Rétrogamerie survivent, malgré tout, comme des résistants dans un monde de pixels volatils. Ces boutiques sont des havres pour les collectionneurs et les nostalgiques, offrant une expérience d’achat et d’échange que le numérique ne peut rivaliser.

En outre, les politiques de revente des jeux numériques sont souvent restrictives, contrairement aux copies physiques qui peuvent être librement échangées, revendues ou offertes. Paradoxalement, la montée des éditions collectors et limitées, souvent accompagnées de goodies exclusifs, montre également que l’attachement au physique est loin d’avoir disparu. Loin de là.

La transition vers le tout numérique semble inexorable, mais la demande pour les supports physiques persiste. Les éditeurs et les constructeurs qui ignorent ce segment risquent de perdre une partie de leur base de fans les plus dévoués. Le déclin du physique n’est peut-être pas aussi inévitable qu’il y paraît, et ceux qui continuent de l’embrasser pourraient bien tirer leur épingle du jeu dans un paysage vidéoludique en constante évolution.

Rétrogaming : Un Trésor à Transmettre

Les étagères de la BNF sont remplies de ces trésors

Le rétrogaming, c’est notre patrimoine, notre culture. Les jeux vidéo des décennies passées sont les fondations sur lesquelles reposent les merveilles modernes. Imaginez un instant un monde où les classiques comme Super Mario Bros., The Legend of Zelda ou Street Fighter II ne sont plus accessibles. Ce serait comme si nous perdions les premiers films du cinéma ou les chefs-d’œuvre de la littérature. Ces jeux sont bien plus que de simples divertissements; ils sont des artefacts culturels, des témoins de leur époque et des jalons de l’évolution technologique et artistique.

Leur préservation est essentielle non seulement pour les nostalgiques mais aussi pour les futures générations de gamers. Les jeunes joueurs d’aujourd’hui doivent avoir la chance de découvrir ces joyaux, de comprendre d’où viennent les tendances actuelles et d’apprécier l’évolution du gameplay, des graphismes et des récits.

Nous devons tous, joueurs, développeurs et distributeurs, nous engager dans cette mission. Cela passe par la collecte et la conservation des supports physiques, l’émulation, et le soutien à des initiatives comme celles de la Video Game History Foundation, la Biliothèque Nationale de France ou encore MO5. Chaque cartouche, chaque CD, chaque fichier numérique doit être traité comme un trésor à sauvegarder.

Parce que le jour où nous ne pourrons plus jouer à nos classiques, c’est tout un héritage qui sera perdu. Les souvenirs des nuits blanches passées devant nos écrans, les découvertes partagées entre amis et les défis relevés avec fierté disparaîtront. Préserver le rétrogaming et plus globalement le jeu vidéo, c’est protéger une part de notre histoire et de notre identité culturelle. C’est une mission noble, et chaque gamer a un rôle à y jouer !


Il y a de l’espoir, amis gamers. Des initiatives pour la préservation travaillent déjà d’arrache-pied pour sauvegarder notre passé vidéoludique. Mais il ne faut pas relâcher nos efforts afin qu’elles perdurent. Soutenons ces projets, collectionnons, partageons nos souvenirs et continuons à jouer. Parce qu’après tout, préserver le jeu vidéo, c’est préserver une partie de nous-mêmes ! Alors, sortez vos vieilles consoles, dépoussiérez vos cartouches et plongez dans les pixels d’antan. C’est une mission noble et essentielle, et chaque partie jouée est une victoire pour l’histoire du jeu vidéo. Restons branchés !

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