Et si… L’écran de la Sega Game Gear était conçu par Nintendo ?

Ah, les années 90 ! Une époque bénie pour les fans de jeux vidéo, marquée par une rivalité épique entre deux géants : Nintendo et Sega. Mais saviez-vous que cette compétition a débouché sur une histoire incroyable autour de l’écran couleur de la Game Gear ? Asseyez-vous confortablement et préparez-vous à un voyage dans le temps, où les écrans couleur étaient plus rares qu’un compliment de votre boss.
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Pour en Savoir Plus
Envie de plonger encore plus profondément dans l’histoire de la Game Boy et de découvrir d’autres secrets bien gardés ? Cet article est basé sur le superbe travail de Florent Gorges à propos de l’Histoire de la Game Boy, dont vous pouvez acheter les différents volumes sur ce lien.
Découvrez aussi sa conférence captivante, où est racontée notamment cette anecdote autour de l’écran de la console, partagée par le Youtubeur Retro Polo, et embarquez pour un voyage fascinant à travers l’histoire de cette console emblématique :
Okada, ce Héros Méconnu

Satoru Okada n’était pas seulement un ingénieur chez Nintendo ; il était un visionnaire dans l’âme, un maître de l’innovation qui a joué un rôle crucial dans l’élaboration de plusieurs des consoles les plus emblématiques de Nintendo. Derrière la renommée de la Game Boy, à travers laquelle on accorde beaucoup de crédit à Gunpei Yokoi, se cachait notamment le génie et la persévérance d’Okada, un homme qui n’hésitait pas à repousser les limites de la technologie pour créer des expériences de jeu inédites.
Sous la houlette de Gunpei Yokoi donc, Okada a été l’un des piliers de l’équipe qui a donné vie à la Game Boy. Connue pour sa robustesse et sa simplicité, cette console allait révolutionner le monde du jeu vidéo portable. Mais peu savent que dans les coulisses de ce projet révolutionnaire, une histoire de défi et d’ingéniosité se jouait.
Okada, avec son équipe, avait initialement conçu un partenariat avec Citizen pour développer un écran noir et blanc. Les premières maquettes étaient prometteuses, et l’enthousiasme au sein de l’équipe était palpable. Imaginez l’excitation de ces ingénieurs, travaillant jour et nuit, pour donner naissance à ce qui s’annonçait comme une révolution dans le jeu portable.
Il faut dire que jusqu’alors, les écrans du marché des jeux électroniques offrait des pixels assez grossiers et un contraste vraiment pas idéal. La promesse de cet écran était donc de, si ce n’est corriger ces deux défauts majeurs, les réduire considérablement et offrir une expérience de jeu optimale sans pour autant impacter d’autres caractéristiques de la console comme son autonomie.
La Trahison

Cependant, en coulisse, un drame se jouait. Hiroshi Yamauchi, le président de Nintendo, avait d’autres plans en tête. Loyal envers Sharp, le partenaire de longue date de Nintendo, Yamauchi décida de mettre fin abruptement au partenariat avec Citizen. Cette décision a pris Yokoi, Okada et le reste de l’équipe par surprise. Okada, en particulier, se trouva dans une position délicate, entre les exigences de sa direction et les engagements pris avec Citizen.
Imaginez la scène : Okada, l’homme qui avait rêvé de révolutionner le jeu portable, se retrouve à devoir expliquer à Citizen que leurs écrans, sur lesquels ils avaient tant travaillé, ne seraient plus utilisés. Mais Okada n’était pas homme à abandonner si facilement. Avec une diplomatie et une ingéniosité remarquables, il a réussi à maintenir une relation cordiale avec Citizen, tout en respectant les directives de Nintendo.
Les réunions avec Citizen deviennent alors un exercice d’équilibriste pour Okada. Il doit maintenir l’intérêt de Citizen pour un projet fantôme, une version colorée et pétillante d’un écran de Game Boy qui ne verra jamais le jour sous le sceau de Nintendo. On peut imaginer Okada, esquissant des plans d’écrans en couleur avec un enthousiasme feint, tout en sachant que ces idées ne verront jamais le jour sous l’égide de la grande N.
Cette période est un ballet d’esquives, de promesses en l’air et de présentations brillantes mais vides de substance. Okada, tel un maître illusionniste, doit convaincre Citizen qu’ils sont toujours sur le bon chemin, alors que le train Nintendo a déjà pris une toute autre voie sous la houlette de Sharp pour son futur écran.
Ce chapitre de l’histoire de la Game Boy est un rappel que dans l’ombre des grands succès se cachent souvent des intrigues dignes des meilleures séries politiques. Des décisions prises en haut lieu peuvent avoir des répercussions insoupçonnées, et c’est parfois aux ingénieurs et créatifs de jouer les équilibristes pour garder tout le monde heureux. Ou du moins, pour éviter une guerre ouverte dans les coulisses de l’industrie du jeu vidéo.
La Revanche de Citizen

Alors qu’Okada jonglait avec les promesses et les prototypes tout en espaçant de plus en plus les rencontres avec Citizen, ces derniers ne semblent pas dupes sur l’avenir de ce projet. Ils décident toutefois de ne pas laisser leurs efforts tomber dans l’oubli. Leur revanche ? Partager leurs plans technologiques avec Sega, le rival de toujours de Nintendo. C’est comme si Batman découvrait qu’Alfred avait confié à son ennemi juré, le Joker, une partie de ses gadgets, histoire de pimenter la compétition à Gotham City.
Imaginez la scène : les dirigeants de Citizen, dans une salle de réunion éclairée par des néons, déroulant les plans de l’écran couleur devant des représentants de Sega ébahis, pas encore tout à fait convaincu de la faisabilité de créer une console portable tout en se démarquant. C’est le début d’une nouvelle ère dans la guerre des consoles portables. Sega, armé des secrets technologiques de Citizen, se lance dans la création de la Game Gear, une portable aux couleurs éclatantes, prête à défier la Game Boy de Nintendo.
Okada, de son côté, ne pourra découvrir cette rétorsion que lorsque la portable de Sega sortit. En décortiquant la bête, l’ingénieur reconnaîtra immédiatement ses travaux, tiraillé entre la fierté de voir son travail initial prendre vie et la loyauté envers Nintendo. Ouch, ça pique !
La Game Gear, avec son écran lumineux et coloré, devient alors le symbole de la revanche de Citizen et un coup dur pour Nintendo. Sega se place fièrement sur le ring, prêt à en découdre avec la Game Boy. Les publicités de l’époque mettent en avant les couleurs vibrantes de la Game Gear face au monochrome de la Game Boy, comme un peintre qui se moque d’un dessinateur au crayon.
Cette saga technologique est une parfaite illustration de l’adage “l’ennemi de mon ennemi est mon ami”. Citizen, écarté par Nintendo, trouve en Sega un allié inattendu pour se venger. C’est une histoire de revanche, de rivalité et de couleurs, qui s’inscrit parfaitement dans les annales tumultueuses du rétrogaming.
L’Héritage d’une Époque

La rivalité de Nintendo contre Sega, un classique aussi intemporel que le duel entre Sherlock Holmes et Moriarty ! Dans notre histoire épique, l’épisode de l’écran de la Game Gear n’est qu’un chapitre parmi tant d’autres, mais quel chapitre ! Il illustre parfaitement la rivalité acharnée et les coups de théâtre qui ont marqué l’âge d’or du rétrogaming.
Cette histoire est riche en enseignements. D’abord, elle nous montre que dans la guerre des consoles, chaque détail compte – même un écran couleur peut devenir une arme stratégique majeure. C’est un peu comme dans Game of Thrones, mais avec moins de dragons et plus de pixels.
Ensuite, elle nous rappelle que les partenariats en affaires peuvent changer le cours de l’histoire. Sans le revirement de Citizen et son alliance avec Sega, la Game Gear n’aurait peut-être jamais vu le jour, et la guerre des consoles aurait eu un tout autre visage.
Enfin, l’épopée de l’écran de la Game Gear souligne l’importance de l’innovation et de la prise de risque dans le monde du jeu vidéo. Sega a pris le pari de l’écran couleur, se démarquant ainsi de la Game Boy. Bien que la Game Gear n’ait pas surpassé la Game Boy en termes de ventes, elle a gagné une place de choix dans le cœur des fans de rétrogaming pour son audace et ses couleurs chatoyantes. Certes, son écran de qualité s’avérera être aussi la cause d’une de ces principales critiques : son autonomie. Mais sans ce dernier, tâchez d’imaginer la ludothèque de la portable sans ses couleurs : difficile de concevoir Sonic en monochrome, n’est-ce pas ?
L’histoire de la Game Gear est un merveilleux rappel que dans l’univers du rétrogaming, chaque console, chaque jeu a sa propre histoire, ses propres batailles et ses propres héros. Et dans cette saga, Okada, avec ses écrans colorés et ses rêves de grandeur, a laissé une empreinte indélébile, même s’il n’a pas toujours été sous les projecteurs. C’est l’héritage d’une époque où chaque innovation pouvait déclencher une révolution, et où chaque décision pouvait changer le cours de la guerre des consoles. Un héritage coloré, en effet !