Infogrames : Un Tatou Dans l’Histoire du Jeu Vidéo
Infogrames… Un nom qui résonne encore dans la tête des gamers de la vieille école, évoquant à la fois des souvenirs d’émerveillement et des cris de frustration. Avec son logo emblématique du tatou, cet éditeur français a marqué l’histoire du jeu vidéo, malgré des choix stratégiques parfois douteux qui vaudront probablement un dossier ultérieur chez la Rétrogamerie. Alors qu’Atari vient d’annoncer le retour du label Infogrames en qualité d’éditeur, revenons sur trois phases marquantes de la société en tant que développeur, en explorant les titres qui ont fait la renommée d’Infogrames afin de redonner un peu d’amour à des titres décriés parfois à tort !
Les Pionniers
Durant la transition entre les années 80 et 90, Infogrames a posé les bases de son succès avec des jeux développés en interne qui se sont rapidement imposés comme des classiques. Voyez par vous-même !
Alone in the Dark (1992)
En 1992, Alone in the Dark a posé les bases du genre survival horror. Développé par Infogrames, ce jeu nous plonge dans l’atmosphère sinistre du manoir Derceto, où chaque ombre et chaque couloir peuvent abriter une menace. Utilisant des graphismes 3D révolutionnaires pour l’époque, il parvenait à créer une immersion inédite, bien avant que Resident Evil ne popularise le genre. L’histoire nous fait incarner Edward Carnby ou Emily Hartwood, chargés de résoudre le mystère du manoir tout en affrontant des créatures surnaturelles. Le gameplay mêlait exploration, résolution d’énigmes et combats, demandant au joueur de faire preuve de réflexion et de sang-froid. L’impact de Alone in the Dark sur l’industrie du jeu vidéo est indéniable, influençant des générations de développeurs et restant une référence incontournable pour les amateurs de frissons.
Drakkeh (1989)
Drakkhen, sorti en 1989 et développé par Infogrames, est un RPG avant-gardiste qui nous transportait dans un monde fantastique en 3D, une prouesse technologique pour l’époque. Le jeu se distinguait par son univers riche et immersif, peuplé de créatures mythiques et de paysages variés. Les joueurs contrôlaient un groupe de quatre aventuriers, chacun ayant des compétences uniques, et devaient naviguer à travers un environnement semi-ouvert en résolvant des énigmes et affrontant des ennemis redoutables. Les mécaniques de jeu complexes, incluant des cycles jour/nuit et des interactions dynamiques avec l’environnement, offraient une profondeur inédite. Drakkhen a non seulement posé les bases de nombreux RPG modernes mais a aussi montré la voie en matière de narration et de gameplay interactif, influençant des titres ultérieurs et gagnant une place de choix dans le panthéon des jeux de rôle.
North & South (1989)
North & South, aussi paru en 1989, est un jeu de stratégie unique basé sur la guerre de Sécession américaine et tiré de la bande dessinée Les Tuniques Bleues, bien avant la période faste des adaptations de BD durant les années 90 que nous évoquerons juste après. Ce titre se démarquait par son mélange d’humour et de tactique, offrant une expérience à la fois captivante et divertissante. Les joueurs pouvaient choisir de représenter l’Union ou la Confédération, et leur objectif était de conquérir le territoire adverse grâce à des batailles dynamiques et des mouvements stratégiques sur la carte. Le jeu incluait des mini-jeux variés, comme des attaques de trains et des prises de forts, qui ajoutaient une dimension d’action et de variété au gameplay. Les graphismes cartoonesques et l’humour léger rendaient le jeu accessible et amusant pour un large public. North & South a su captiver les joueurs avec son gameplay innovant et ses mécaniques équilibrées, devenant un classique intemporel du genre stratégie.
L’Âge d’Or des Adaptations de BD
Dans les années 90, Infogrames s’est lancé avec succès dans l’adaptation de bandes dessinées célèbres, développant des jeux qui ont marqué notre enfance. Et pas que dans le mauvais sens du terme.
Tintin au Tibet (1995)
Tintin au Tibet est un jeu de plateforme basé sur la célèbre bande dessinée de Hergé. Fidèle à l’œuvre originale, il plonge les joueurs dans une aventure palpitante aux côtés de Tintin, parti secourir son ami Tchang dans les montagnes tibétaines. Le jeu se distingue par ses graphismes colorés et son ambiance authentique, recréant fidèlement les décors et les personnages emblématiques de la bande dessinée. Chaque niveau est un défi en soi, reflétant la difficulté légendaire du jeu, qui exige précision et timing et qui demande souvent de recommencer plusieurs fois les niveaux, jusqu’à les connaître par cœur pour en voir le bout. Les joueurs traversent durant ce périple des environnements variés, des villages enneigés aux dangereuses crevasses, tout en évitant des obstacles et en résolvant des énigmes. Malgré sa difficulté, Tintin au Tibet a su captiver les fans grâce à sa fidélité à l’univers de Hergé et à son gameplay engageant, devenant ainsi un classique pour les amateurs de la série et les passionnés de jeux de plateforme. Donnez-lui une chance !
Tintin au Tibet sur Megadrive vous met dans la peau du plus célèbre reporter dans une histoire identique à celle |
Spirou (1995)
Spirou, empruntant toujours le genre des jeux de plateforme, met en scène l’illustre groom dans une aventure trépidante. Inspiré des bandes dessinées de Rob-Vel et Franquin, le jeu transporte les joueurs à travers divers environnements détaillés, fidèles à l’univers graphique de la série. Le gameplay dynamique de Spirou se distingue par sa variété d’actions : sauter, courir, grimper et éviter des obstacles tout en affrontant divers ennemis. Les graphismes, colorés et soignés, recréent parfaitement l’ambiance des planches de la bande dessinée, offrant une expérience visuelle agréable et immersive rarement vue à l”époque. Chaque niveau est conçu pour être un défi, demandant aux joueurs de faire preuve de précision et de rapidité. Spirou a réussi à captiver les fans de la bande dessinée tout en séduisant les amateurs de jeux de plateforme grâce à son gameplay engageant et ses graphismes authentiques.
Les Schtroumpfs (1994)
Porté sur diverses plateformes, Les Schtroumpfs permettaient aux joueurs d’incarner les célèbres petits êtres bleus dans une quête pour sauver leurs amis capturés par le méchant sorcier Gargamel. Les graphismes colorés et détaillés recréent parfaitement l’univers enchanteur de Peyo, plongeant les joueurs dans des environnements variés comme la forêt, la montagne et même le château de Gargamel. Le gameplay est fluide et dynamique, demandant aux joueurs de sauter, courir et esquiver des obstacles tout en affrontant divers ennemis. Chaque niveau offre des défis uniques et des mécanismes de jeu fort sympathiques, rendant l’expérience à la fois engageante et amusante. Les Schtroumpfs est rapidement devenu un classique pour les jeunes joueurs de l’époque, alliant fidélité à l’œuvre originale et plaisir de jeu intemporel.
Astérix (1993)
Développé par Infogrames pour la Super Nintendo, Astérix est un jeu d’action trépidant qui permet aux joueurs de revivre les aventures du célèbre Gaulois. Fidèle à la bande dessinée de Goscinny et Uderzo, le jeu plonge les joueurs dans une série de niveaux où ils doivent bastonner des légions de Romains et déjouer les plans de César. Les graphismes parviennent à préserver l’esprit de la bande dessinée, avec des animations fluides et des environnements riches en détails. Le gameplay est dynamique et intuitif, offrant des combats satisfaisants et des puzzles légers à résoudre. Chaque niveau propose des défis variés et des ennemis emblématiques, rendant l’expérience à la fois nostalgique et excitante. Astérix sur Super Nintendo est un must pour les fans de la série, combinant humour, action et fidélité à l’œuvre originale !
Les Derniers Feux
Après l’engouement des adaptations de BD, Infogrames a tenté de se diversifier, avec des succès divers. Jetons un œil…
V-Rally (1997)
V-Rally, développé par Infogrames en 1997 pour la première PlayStation, a consolidé le genre naissant des jeux de course spécialisés dans le rally en le démocratisant sur consoles avec ses graphismes impressionnants et son gameplay réaliste. Ce titre a su captiver les amateurs de rallye en offrant une expérience immersive, reproduisant fidèlement les sensations de la conduite en conditions difficiles. Le jeu proposait une vaste sélection de voitures de rallye, chacune avec ses propres caractéristiques de maniabilité, ainsi que des pistes variées situées dans des environnements réalistes comme la boue, la neige et le gravier. Les graphismes étaient à la pointe pour l’époque, avec des effets météorologiques dynamiques et des paysages détaillés. Le mode carrière et les compétitions chronométrées ajoutaient de la profondeur au gameplay, rendant chaque course un défi unique. V-Rally est rapidement devenu un concurrent sérieux dans le domaine des jeux de course, posant les bases pour de futures franchises de rallye et gagnant une place de choix dans le cœur des fans de sport automobile.
Worms Armageddon (1999)
Worms Armageddon est bien entendu initialement développé par Team 17, mais saviez-vous qu’il a été porté par Infogrames sur Game Boy Color et Nintendo 64 en 1999 ? Ce jeu de stratégie au tour par tour qui combine humour et tactique a permis aux joueurs de contrôler des équipes de vers de terre tout en s’affrontant avec un arsenal déjanté d’armes farfelues, allant des bazookas aux moutons explosifs. La version portable du jeu a permis à de nombreux fans de découvrir ce classique en déplacement, rendant l’expérience de jeu accessible partout et à tout moment. Les graphismes adaptés aux capacités des consoles portables restaient fidèles à l’esprit comique et coloré de la série, et le gameplay, bien que simplifié, conservait toute sa profondeur stratégique. Worms Armageddon sur Game Boy Color et Nintendo 64 a su captiver les joueurs avec ses batailles hilarantes et ses défis multijoueurs, ajoutant une corde supplémentaire à l’arc d’Infogrames et renforçant la popularité de cette franchise intemporelle.
Les Cochons de Guerre (2000)
Les Cochons de Guerre, ou Hogs of War, sorti en 2000 (soit 3 ans avant la tentative compliquée de Worms en 3D), est un jeu de stratégie au tour par tour en trois dimensions développé par Infogrames, qui mêle humour décalé et tactique militaire. Ce titre met en scène des cochons anthropomorphes s’affrontant dans une guerre absurde et hilarante. Chaque équipe de cochons utilise une variété d’armes et de véhicules dans des environnements 3D destructibles, offrant des stratégies diversifiées et des situations imprévisibles. Le jeu se distingue par son ton humoristique, rappelant les Monty Python, et ses doublages amusants, ajoutant une couche de charme à l’expérience de jeu. Bien qu’il soit passé relativement inaperçu à sa sortie, Hogs of War est une perle méconnue qui mérite d’être redécouverte pour ses mécaniques de jeu solides et son humour irrésistible. Les amateurs de stratégie et de fun trouveront dans ce jeu une expérience unique et mémorable, prouvant qu’Infogrames savait aussi faire preuve de créativité.
Aujourd’hui, il est facile de critiquer Infogrames en reprenant notamment les déclarations effectuées par certains influenceurs qui cherchent avant tout à nous divertir, ou en s’attardant sur des défauts tels que la difficulté inhérente à ces titres, sans regarder le tableau dans son ensemble. Cependant, il est crucial de se souvenir des moments de génie, des innovations et des expériences de jeu uniques que les titres développés par les équipes d’Infogrames nous ont offertes. La société a contribué à façonner l’industrie du jeu vidéo telle que nous la connaissons, avec ses succès et ses erreurs.
Alors, donnons un peu d’amour à Infogrames, ce tatou intrépide qui, malgré les embûches, a su marquer l’histoire du jeu vidéo. Si vous avez encore une copie d’Alone in the Dark ou des Schtroumpfs par exemple qui traîne quelque part, c’est le moment de la dépoussiérer et de lui redonner vie en réalisant l’impact du jeu sur cette industrie. Après tout, c’est aussi ça, le charme du rétrogaming : redécouvrir des pépites oubliées et se rappeler pourquoi on les aimait tant ! Et qui sait ce que l’avenir nous réserve avec la renaissance de la marque, cette fois-ci sous l’égide d’Atari ?