Est-ce que vous vous souvenez de ces moments magiques où vos parents vous emmenaient au supermarché du coin dépenser vos deniers accumulés ? Vous scrutez le rayon attentivement et soudain… votre regard s’illumine ! Le graal tant attendu est enfin à votre portée. Vous l’attrapez et hop ! Direction la caisse ! Trépignant d’impatience, vous déblistez le jeu à peine installé sur le siège de la voiture. Vous ouvrez la boîte, sortez le manuel pour feuilleter les pages…
Ça y est ? Vous y êtes ? Vous sentez cette bonne odeur de neuf et d’encre fraîchement imprimée ?
Que trouvait-on dans une notice ?
Si cela ne vous rappelle rien, c’est que peut-être vous êtes un peu trop jeune pour avoir connu les notices. Les vraies ! Celles qui servaient encore à quelque chose. Celles qui vous permettaient de vous transporter dans le jeu avant même d’insérer la cartouche dans la console. Aujourd’hui disparus, ces livrets accompagnant le jeu étaient bien plus que de simples instructions techniques. Lorsqu’elles étaient bien faites, elles représentaient la bible du jeu. Vous y trouviez en général :
- Le contexte de votre aventure
- Comment jouer au jeu
- Les boutons utilisés et leurs effets
- Les différents niveaux à parcourir
- Le bestiaire et la liste des objets
- Ou encore, quelques conseils bien utiles pour aborder le jeu
Certaines boîtes étaient accompagnées d’autres livrets comme la traduction des textes à l’écran (et oui les jeux n’étaient pas toujours adaptés dans notre langue). Ou encore le petit livre des secrets de Zelda avec pleins d’astuces. D’autres arboraient une belle carte du monde, des posters et même un guide du jeu entier.
Une notice de jeu ? Mais pourquoi faire ?
À l’époque, les jeux étaient limités techniquement, notamment au niveau du stockage. On appréciait donc beaucoup d’avoir toutes ces indications à portée de main.
Prenez par exemple un RPG. Désormais, vous démarrez l’aventure par une belle cinématique qui vous compte l’histoire. Vous vous dirigez à l’aide d’une carte directement dans le jeu. Les objets de votre inventaire ont tous des descriptions, une indication de leurs effets et parfois même un contexte dans le lore. Vos ennemis affichent leurs noms et moult informations à leurs égards. Les tutoriels in game, vous apprennent au fur et à mesure les nouvelles mécaniques mises en place… Bref, vous n’êtes absolument pas perdus, à quelques rares exceptions.
Revenons quelques années en arrière, vous insérez la cartouche. Le jeu démarre et au mieux vous aviez une courte introduction. Lorsque le jeu était bien fait, et les développeurs sympas, ils vous donnaient quelques conseils. Pour le reste, le manuel était là. Anecdotique pour certains jeux, indispensable pour d’autres, jouer à un vieux jeu sans notice, c’est risquer de passer à côté de quelques astuces ou même techniques de gameplay.
Belles images, making-off et compagnie
Au delà de l’aspect utile de ces manuels, ils pouvaient également vous aider à vous projeter dans le jeu. Grâce à ces magnifiques illustrations, vos petits pixels prenaient une autre dimension. On trouve de très beaux exemples avec des artworks somptueux comme sur Chrono Trigger. Dans F-zero, l’histoire nous est racontée façon bande dessinée. Quand l’effort était fait, on avait donc de véritables petits art books.
C’était aussi un moyen pour les studios de développement de donner quelques anecdotes ou encore de mettre quelques croquis. Dans le manuel de Zombies, on y découvre les titres alternatifs du jeu.
Et également de faire passer des messages : écologique pour Ecco the Dolphin. Jurassic Park quant à lui nous en apprend plus sur les dinosaures.
Il y a aussi un dernier aspect que je trouve fantastique pour ma part. Ces notices sont ancrées dans une époque et nous rappellent toute l’évolution du jeu vidéo. Tout ce qui est devenu convention de nos jours ne l’était tout simplement pas avant. Les formulations hasardeuses : «Prenez un coeur 1UP et vous gagnez un Mario supplémentaire » serait aujourd’hui «…et vous gagnez une vie supplémentaire.». Cela nous paraît tellement évident qu’on oublie à quel point ça ne l’est pas. Enfin, les erreurs de traductions comme le sexe de Samus dans Metroid montre à quel point le média n’était pas tant pris au sérieux. Du moins, qu’il n’était pas aussi important dans l’industrie culturelle actuelle.
Alors la prochaine fois que vous lancerez un jeu retro, pensez à jeter un œil à sa notice. Et si vous ne l’avez pas, cherchez là ! Vous tomberez peut-être sur une belle pépite qui vous fera voyager dans le temps.
Un grand merci à Badi de Notipix.fr pour avoir rédigé cet article ! Vous pouvez en savoir plus sur son projet grâce à cette interview.
Un commentaire sur “Histoire de la notice dans le retrogaming : plus qu’un bout de papier”