Si vous avez déjà ressenti un petit frisson de plaisir en contrôlant Captain Falcon dans F-Zero, en observant les personanges de Star Fox ou en affrontant un boss dans The Legend of Zelda: A Link to the Past, alors vous avez déjà croisé le chemin de Takaya Imamura. Oui, cette personne, souvent dans l’ombre, a pourtant joué un rôle clé dans la création de certaines des icônes les plus mémorables de Nintendo. C’est pourquoi nous allons passer en revue ses principaux travaux, histoire de rendre hommage à ce designer ayant marqué notre enfance sans qu’on le sache vraiment.
Le Créateur du Charisme : F-Zero et Star Fox
Quand on pense à F-Zero, la première chose qui vient en tête, c’est la vitesse. Mais ce qui donne vraiment du cachet à la série, qui contribue à son identité, c’est indéniablement Captain Falcon, ce pilote mystérieux qui nous a tous fait rêver d’aller plus vite que la lumière (ou au moins le son). Imamura a non seulement conçu le personnage, mais il a aussi insufflé à la série une esthétique futuriste qui, encore aujourd’hui, inspire les créateurs de jeux. Le design des vaisseaux, les circuits aux courbes impossibles, tout ça, c’est en grande partie grâce à lui. Il faut rappeler que l’équipe de développement était constituée de tout juste 10 personnes, et que bien que Imamura fut initialement missionné pour strictement retravailler des concepts de véhicules futuristes destinés au jeu, son génie créatif déborda rapidement sur les autres aspects du jeu. F-Zero, c’était une claque visuelle autant qu’un challenge pour nos pouces toujours aussi plaisant à jouer aujourd’hui, à tel point que Nintendo a capitalisé sur le concept en sortant récemment F-Zero 99 sur Switch.
Mais Imamura ne s’est pas arrêté là. Il a aussi été le designer principal derrière Star Fox (ou Star Wing sur notre continent), l’un des jeux qui a vraiment défini la Super Nintendo. Pensez-y : un renard, un faucon, un crapaud et un lapin qui pilotent des vaisseaux spatiaux dans une guerre intergalactique. Ça aurait pu être totalement absurde d’un point de vue occidental, mais non, ça marche, et c’est en grande partie grâce à l’instinct de design d’Imamura. Tout en travaillant avec les développeurs anglais de chez Argonaut Games malgré la barrière de la langue, il a donné à chaque personnage une personnalité unique tout en faisant référence à la mythologie japonaise, faisant de cette équipe hétéroclite de pilotes de l’espace une des plus aimées de Nintendo.
L’Artisan derrière A Link to the Past
Avant de s’attaquer aux cieux avec Star Fox, Imamura-san avait apporté sa pierre – et une grosse – à l’édifice d’un autre monument du jeu vidéo : The Legend of Zelda: A Link to the Past. Sorti en 1991 au Japon, ce jeu est souvent considéré comme l’un des meilleurs de la série, et ce n’est pas sans raison. Derrière la magie de ce chef-d’œuvre se cache le travail minutieux de nombreuses personnes dont Imamura-san qui, même si son nom n’est pas toujours mis en avant, a eu un impact significatif sur ce que nombre d’entre nous considérons comme le summum de l’aventure en 16 bits.
Imamura n’a pas seulement contribué à quelques éléments ici et là. Il a littéralement laissé son empreinte sur le jeu en concevant son logo, une icône désormais indissociable de la franchise. Mais son rôle allait bien au-delà : il a aussi été l’artisan derrière la conception de la plupart des boss du jeu, ces créatures gigantesques, à la fois terrifiantes et iconiques qui restent gravées dans nos mémoires. Vous vous souvenez du combat contre Helmasaur, ce saurien protégé par un masque de fer qui nécessitait une bonne dose de sang froid pour éviter sa queue ou ses boules de feu ? C’est lui !
En plus de cela, Imamura a travaillé sur la conception des donjons du jeu, toujours une partie primordiale d’un jeu Zelda, où les mécaniques des items découverts au fil de l’aventure doivent être parfaitement exploités. Chaque donjon doit ainsi proposer suffisamment de challenge tout en se renouvelant d’une zone à l’autre. Plus facile à dire qu’à faire !
Pour ces différentes tâches, il a également collaboré avec l’un des programmeurs pour peaufiner l’ensemble des mécaniques de jeu, assurant que chaque élément s’imbriquait parfaitement pour offrir une expérience fluide et immersive.
Malgré toute cette implication, Imamura a seulement été0 crédité comme “object designer“, un terme quelque peu modeste que Nintendo utilisait à l’époque pour désigner les artistes travaillant sur les sprites du jeu. Mais ne vous y trompez pas : son travail sur Link to the Past est fondamental. Sans lui, Hyrule n’aurait peut-être pas été aussi magique, aussi captivante. Il a contribué à poser les bases de ce qui deviendrait l’une des plus grandes épopées de l’histoire du jeu vidéo !
Majora’s Mask : L’Ombre Mise en Lumière
Majora’s Mask, c’est un peu le mouton noir de la famille Zelda. Souvent éclipsé par l’immense succès d’Ocarina of Time, il est pourtant l’un des épisodes les plus audacieux de la série. Ce qui le rend si spécial, c’est son atmosphère : un mélange étrange de mystère, de mélancolie et de terreur latente, où chaque instant semble compter double. Et ça, on le doit en grande partie à Takaya Imamura. Encore une fois.
Imamura a été le cerveau derrière le concept du masque de Majora, cet artefact bizarre et presque maléfique qui semble avoir une volonté propre. Plus qu’un simple objet, le masque devient une force motrice de l’histoire, une entité mystérieuse qui contrôle et manipule, plongeant le joueur dans un état de tension constante. Le design même du masque, avec ses couleurs vives mais dérangeantes, ses pointes menaçantes et ses yeux perçants, en fait un symbole de tout ce qui est inquiétant dans l’univers de Termina.
Mais Imamura ne s’est pas arrêté là. Il a aussi façonné plusieurs personnages du jeu tels que Tingle, ou encore cette lune si dérangeante au design très “creepy”. Tous aspects cumulés, peut-être anodins lorsqu’ils sont pris à part, ont tout de même contribué à générer cette profondeur émotionnelle qui donne à Majora’s Mask sa singularité.
En fin de compte, c’est ce travail subtil mais puissant d’Imamura qui transforme Majora’s Mask en une expérience unique dans la saga Zelda. Un jeu où l’ombre et la lumière s’entremêlent pour créer quelque chose de vraiment inoubliable.
Une Belle Histoire… Qui Continue !
Après des décennies à créer certains des personnages les plus iconiques de l’histoire du jeu vidéo, Imamura a quitté Nintendo en 2021. Il a annoncé sa retraite avec une photo de lui devant les bureaux de Nintendo, un dernier clin d’œil à des années de bons et loyaux services. Il a laissé derrière lui un héritage immense, mais, comme beaucoup de créateurs, il a rarement été sous les feux des projecteurs. C’est peut-être pour cela qu’il est temps de reconnaître son travail. Imamura a contribué à définir l’esthétique de Nintendo, cette touche unique qui fait qu’un jeu de la firme de Kyoto est immédiatement reconnaissable. Il a été un artisan du fun, après tout !
Même s’il a tiré sa révérence chez Nintendo, Takaya Imamura n’a pas pour autant rangé ses crayons. Au contraire, il a embrassé un nouveau projet, cette fois dans le monde de l’édition. Il a rejoint Omaké Books, une maison d’édition spécialisée dans la culture pop et le rétrogaming, pour y publier un manga original intitulé Omega 6. Oui, vous avez bien lu : après des années à dessiner des personnages pour des jeux vidéo, Imamura s’attaque désormais à la bande dessinée.
En rejoignant Omaké Books, Imamura prouve qu’il n’a rien perdu de sa créativité et qu’il est prêt à explorer de nouveaux horizons. Pour les fans de rétrogaming et de culture japonaise, c’est une chance de pouvoir continuer à suivre l’un des grands noms du design vidéoludique dans une nouvelle aventure artistique. Si vous ne l’avez pas encore fait, jetez un œil à Omega 6 : c’est du pur Imamura, et ça vaut le détour !